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La roue tourne mais pas dans le bon sens. Malgré une très belle lutte du Collectif des Coursiers, Deliveroo refuse d’écouter ses cyclistes et leur impose le statut d’indépendant. Et c’est bien d’une imposition qu’il s’agit puisqu’aucun coursier, étudiant ou non, n’a d’intérêt à voir ce changement adopté. Les Jeunes FGTB condamnent ce changement qui entraine une détérioration des conditions de travail pour tous ces jeunes travailleurs.
84% des coursiers ont entre 18 et 24 ans et sont presque tous sous contrat étudiant. Autant de jeunes qui bénéficiaient encore il y a quelque mois d’un contrat de salarié via la Smart. Autrement dit, d’un salaire d’environ 10 euros de l’heure et une garantie de rémunération de 3 heures minimum par jour presté, d’une assurance et d’autres protections correspondant à un travail salarié. Mais ça, c’était avant ! Même s’ils roulent pour le compte de Deliveroo, ils devront désormais travailler en tant qu’indépendants : plus de minimum de livraisons assurées, paiement de 5 euros par livraison, externalisation des risques (assurances), autant de facteurs qui les poussent vers un emploi précaire et dangereux.
Mais qu’attend donc le gouvernement pour réagir ?
Le 26 octobre dernier, le ministre de l’Emploi, Kris Peeters, demandait enfin à l’inspection sociale d’ouvrir une enquête sur les pratiques salariales de Deliveroo. Les critères permettant d’apprécier l’existence d’une relation de subordination (caractérisant le rapport salarial) sont clairs mais pourtant, trois mois plus tard, les résultats de cette enquête se font toujours attendre !
Dans le dossier Deliveroo, comme dans d’autres, le gouvernement joue à un jeu de dupes. L’immobilisme politique est volontairement entretenu pour laisser libre cours au marché. Qu’importe la précarité des coursiers, tant que la Belgique peut briller par son avant-gardisme dans la « nouvelle économie ».
Pour éviter une réelle réflexion sur l’emploi de demain, le gouvernement a adopté la loi De Croo sur l’économie collaborative, préfigurant le projet de troisième statut de travailleur autonome, sans aucune protection sociale. En outre, elle prévoit un régime fiscal qui permettra aux entreprises, se réclamant de l’économie collaborative, d’échapper à leurs devoirs en tant qu’employeurs.
Au final, c’est surement pour éviter de voir Deliveroo être mis en défaut par les accusations de « faux-indépendants » que le gouvernement s’est empressé d’agir via la loi sur l’économie collaborative. Agir pour le gouvernement, c’est favoriser un cadre légal permettant aux multinationales, comme Deliveroo, de continuer de profiter de la précarité des jeunes qui ne bénéficient d’aucune sécurité d’existence et d’aucun droit (sécurité contre le licenciement, représentation collective, revenu de remplacement, …).
Les jeunes, premières victimes de la flexibilité absolue
Le capitalisme de plateformes prétend offrir un travail facilement accessible et flexible à des personnes à la recherche d’un complément de revenu ou en phase d’insertion sur le marché du travail. En réalité, dans le contexte de chômage actuel, il s’agit pour beaucoup de travailleurs de plateforme de leur seule et unique activité de subsistance. Au lieu d’aider l’insertion des jeunes vers un emploi stable, c’est le contraire qui se produit. Le travail « atypique » vient concurrencer le travail formel et se substitue de plus en plus au salariat, particulièrement chez les jeunes.
Les Jeunes FGTB déplorent la situation dans laquelle le gouvernement et Deliveroo ont placé les coursiers. Une situation qui, en l’absence de résistance, attend l’ensemble des travailleuses et des travailleurs. Face au défi que représente la numérisation, il existe pourtant des solutions qui garantissent des droits aux travailleurs. En Belgique, les politiques ne montrent malheureusement aucune intention d’aller en ce sens. Au contraire, les mesures mises en place jusqu’à aujourd’hui dans le but « d’encadrer » l’économie de plateforme font des jeunes travailleurs une nouvelle classe de galériens…
En l’absence d’une solution politique, les jeunes coursiers n’ont d’autre choix que de penser la solidarité par eux-mêmes. C’est pourquoi, le Collectif des Coursiers lance un appel pour la création d’une coopérative que nous devrions tous soutenir. Mais quand est-ce que ce gouvernement arrêtera de pédaler dans la semoule ?