À la suite de l’organisation d’une visite guidée à caractère pédagogique à Uccle au quartier Prince d’Orange sur la thématique des « super-riches », nous avons été témoins de nombreuses réactions. La plupart de ces réactions témoignent d’un engouement pour la thématique, illustrant un besoin de compréhension autour de la question des grosses fortunes de Belgique.
D’autres nous font cependant le procès inverse, caractérisant notre activité de « discriminante »– selon les mots, entre autres, du député N-VA d’extrême droite Théo Francken. Sur la même longueur d’onde, Boris Dilliès, Bourgmestre MR de Uccle, nous accuse d’être un mouvement d’extrême-gauche organisant une activité « stigmatisante et grotesque ». La droite et la droite extrême semblent, une fois de plus, marcher main dans la main afin de défendre leurs intérêts communs.
Nous apprenons également la volonté du bourgmestre d’encadrer la visite par la police. Prévoir un dispositif policier pour cet évènement, qui compte un groupe de 25 personnes au maximum, en plus de mobiliser des moyens publics inutilement, n’est-ce pas discriminatoire ? De nombreuses visites culturelles, sportives, voire politiques sont organisées à Bruxelles et ne font pour autant pas l’objet de telles mesures.
De plus, il nous semble également important de rappeler le but de cette visite au sein d’un quartier d’ultra-riches. En tant qu’organisation de jeunesse ayant pour mission première de former des “Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires”, nous proposons cette balade pédagogique comme un support permettant d’illustrer les nombreuses analyses et théories en sciences sociales existantes à propos de la reproduction des inégalités sociales au sein de notre société. Cette visite permet notamment de mettre visuellement en évidence les inégalités sociales et de répondre aux questionnements légitimes que n’importe qui peut avoir face à de telles inégalités. La contextualisation historique et économique du développement de ce quartier, à travers des exemples concrets, permet une compréhension approfondie des facteurs qui contribuent à la prospérité de ces zones. En explorant le quartier des résidences luxueuses, nous observons de manière concrète les écarts socio-économiques entre les riches et les pauvres. Ainsi, nous expliquons les mécanismes de transmission de la richesse et des privilèges au fil des générations, et encourageons la réflexion de nos participant·es à propos de ces mécanismes.
Notre visite, stigmatisante? Alors nous posons la question suivante : qui subit aujourd’hui les discriminations au logement, à l’emploi, à la santé, à l’éducation, face à la police, etc. ? Les « super-riches » ? Ou bien les femmes, les immigré·es, les chomeur·euses, les personnes LGBT, les travailleur·euses organisé·es en syndicats ou membres d’un parti de gauche, les musulman·nes, les juif·ves, etc. ? N’est-ce pas, plus largement, l’ensemble de la classe travailleuse qui subit aujourd’hui encore l’oppression des « super-riches » ?
En tant qu’organisation de jeunesse luttant pour un monde égalitaire, nous continuerons par nos actions et activités d’éducation populaire à expliquer et nous organiser contre le système qui produit et reproduit ces inégalités: le capitalisme.